Ces 3 stades de foot qu’il est encore temps d’aller voir avant leur démolition…

15 septembre 2020 Par Christophe VENET 2

1/ San Siro à Milan

San Siro est un des stades les plus mythiques d’Italie. C’est un cas unique : deux clubs parmi les plus titrés en Europe, l’Inter et le Milan, se partagent le même stade et, ce, depuis 1947 ! Milan est d’ailleurs la seule ville européenne à compter deux clubs vainqueurs de la C1.

D’ailleurs, comment doit-on appeler ce stade : San Siro ou Giuseppe Meazza ? Si le premier est le nom du quartier dans lequel se situe l’enceinte, le second est bel et bien son nom officiel. Meazza fut double champion du monde avec l’Italie en 34 et 38 et porta les maillots nerazzurri et rossoneri. Suite à son décès en 79, la municipalité, sur proposition des deux clubs résidents, décide de renommer officiellement le stade. Aujourd’hui, le nom de San Siro est le plus communément usité, surtout de la part des supporters de l’AC Milan qui ne portent pas spécialement l’ex-capitaine de la Squadra Azzura dans leur cœur, celui-ci n’ayant joué que deux saisons chez les rossoneri.

Près de 190 derbys della Madonina (du nom de la statue de la Vierge Marie située au sommet du dôme de la cathédrale) s’y sont disputés. Le stade a vu se jouer nombre de matchs au sommet, notamment des finales de coupes d’Europe et des matchs de coupe du monde 34 et 90. Ses 11 tours massives en béton qui lui donnent un air de vaisseau spatial rendent l’enceinte très distinctive. Quant à son acoustique, elle est tout simplement impressionnante les jours de match.

Malgré tout, l’Inter et le Milan, qui souhaitent se doter d’un stade plus moderne et plus rentable, se sont mis d’accord sur une nouvelle infrastructure, construite à quelques pas de l’actuel Meazza. Celui-ci serait démoli pour y construire un espace commercial en 2025… Le 22 mai 2020, la commission régionale du patrimoine culturel de la Lombardie a donné son accord au projet. Il est vrai que la tenue des JO à Milan en 2026 précipite un peu les événements.

Nombreux sont les tifosi qui sont vent debout contre ce projet. Selon eux, c’est tout un pan de leur histoire qui va disparaître avec San Siro. Une lueur d’espoir tout de même : le maire de Milan garantit que le stade actuel accueillera bien la cérémonie d’ouverture des JO… avant d’être définitivement détruit ?

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2/ Mestalla à Valence

Le stade Mestalla est le plus ancien de la Liga : il fut inauguré en 1923 lors d’un match contre l’autre club de Valence, Levante. Ne pouvant accueillir que 17 000 personnes à ses débuts, le stade est vite agrandi pour faire face à la popularité croissante du Valencia CF et passe dès 1927 à 25 000 places. Aujourd’hui, c’est 55 000 personnes qui peuvent prendre place dans l’enceinte.

Le nom de Mestalla vient du canal d’irrigation du même nom près duquel le stade fut construit. Mais l’enceinte ne porta pas toujours ce nom. De 69 à 94, il fut renommé en l’honneur de Luis Casanova , l’un des présidents les plus appréciés de l’histoire du club. En 94, c’est Casanova lui-même qui a écrit une lettre au club pour que le terrain soit rebaptisé Mestalla.

Le stade a connu ses moments de gloire et de drame.

Pendant la guerre civile (36-39), le stade subit d’énormes dégâts,
seule la tribune centrale reste épargnée. Le terrain est transformé en camp de concentration où les opposants au général Franco sont enfermés. Mais les traces de cette sombre période sont vite effacées : le stade est reconstruit et un nouveau projet d’agrandissement est prévu dans les années 50. Malheureusement, tous ces efforts sont ruinés par la « Grande Riada » (inondation) de la rivière Turia. Tous les installations se retrouvent sous l’eau. Cette crue aura causée la mort de 81 valenciens.

Le Mestalla accueille 3 matchs de la coupe du monde 82 et des matchs du tournoi olympique de 92. C’est toutefois au tournant des années 2000 que le stade connaît ses heures de gloire. Le Valence CF présente alors l’une des plus belles équipes d’Europe. Le club remporte deux Liga en 2002 et 2004 et atteint 2 années de suite la finale de la Champions League en 2000 et 2001. Le Mestalla devient une forteresse imprenable. Depuis, le club connaît des difficultés financières et une instabilité de gouvernance récurrentes.

Quant à son architecture, le Mestalla possède une inclinaison impressionnante, ce qui rend les mains courantes appropriées quand on descend les gradins… L’absence de toit sur 3 des 4 tribunes permet de profiter de la relative fraîcheur des nuits valenciennes. L’ambiance, elle, est plutôt chaude : le public du club Ché est réputé pour être un des plus bruyants d’Espagne, notamment lors des grandes affiches contre le Real et surtout le Barça. Localisé en son cœur, le Mestalla fait partie intégrante de la ville.

Malgré tout, en 2006, le club se lance dans la construction d’un « Nou Mestalla » au Nord Ouest de la ville avec l’ambition de créer un stade moderne et rentable pour le club. Les travaux démarrent en 2007. Mais, 2009, patatras ! la crise frappe durement l’Espagne. Les caisses se vident. Depuis 10 ans, le chantier est à l’arrêt et le squelette en béton du « Colisée » prend la poussière. L’imbroglio juridico-financier n’en finit pas. A l’heure actuelle, bien qu’officiellement, le club devait prendre possession du Nou Mestalla en 2023, personne n’oserait se prononcer à Valence sur une date de déménagement …

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3/ Stamford Bridge à Londres

Stamford Bridge est intimement lié au club de Chelsea, et pour cause, celui-ci n’a connu aucun autre stade dans son histoire. Et pourtant, il a bien failli être l’enceinte de l’autre club du quartier, Fulham. En effet, en 1896, les frères Mears, hommes d’affaires dans les transports et construction, rachètent le terrain réservé alors aux épreuves d’athlétisme. Ils veulent y construire un stade réservé exclusivement au football professionnel, alors en pleine ascension dans le Sud de l’Angleterre (le Nord le connaît déjà depuis quelques décennies). Le stade est construit en 1904 et les Mears proposent donc aux Cottagers de le louer. Au vu du prix demandé, ces derniers refusent et les frères businessmen se retrouvent le bec dans l’eau ! Il leur en faut plus pour les freiner : ils décident alors de créer leur propre club. Bien que Stamford Bridge ne fasse pas partie stricto sensu du borough (arrondissement) de Chelsea de l’époque, le choix définitif se porte sur ce nom, celui de Fulham, son « vrai » quartier, étant déjà pris.

De tous les grands clubs anglais, l’antre de Chelsea détonne. « Petite » capacité (40 000 personnes), coincé entre un cimetière, une route très passante et deux lignes de chemin de fer, une visibilité parfois réduite… il est vrai que Bridge ne peut se targuer de la modernité d’un Hotspurs Stadium, d’un Etihad de ManCity ou d’un Emirates d’Arsenal. Mais a contrario, il a gardé une certaine authenticité, une vraie atmosphère so bitish et les supporters des Blues y restent très attachés.

Pourtant, Roman Abramovich, oligarque russe propriétaire du club depuis 2003, a annoncé dès 2011 son intention de faire passer la capacité du stade à 60 000 sièges. Mais son emplacement dans une zone très urbanisée de Londres rend son réaménagement très compliqué. Plusieurs possibilités ont été évoquées notamment le déménagement pur et simple du club. Problème : le stade ainsi que le nom de Chelsea FC sont détenus par Chelsea Pitch Owners, une association à but non lucratif composée de supporters des Blues. Et en vertu des statuts de l’association, si le club devait quitter Stamford Bridge, il devra changer de nom ! Impensable. Un permis de construire a donc été déposé bon gré mal gré afin de démolir et reconstruire Bridge dans son emplacement actuel. Le club avait même officiellement demandé à la municipalité pour jouer à Wembley le temps des travaux. Mais en 2018, le club publie une déclaration dans laquelle il annonce la suspension du projet. Le permis a expiré officiellement début 2020.

Au vu de la concurrence en Premier League et des ambitions d’Abramovich, il semble pourtant que ce n’est qu’une question d’années avant la concrétisation de ce projet.

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