Manchester City et son public à l’humour très potache…
8 octobre 2020S’il existe bien une différence entre les supporters anglais et ceux du continent, c’est le sens de l’humour. Si vous assistez à un match de Premier League pour la première fois (et que vous comprenez l’anglais… graveleux de préférence), vous serez surpris d’entendre des chants non dénués de sarcasme et de dérision. Et, si un public devait avoir la palme de l’humour, ce serait certainement celui de Manchester City. Habitués à connaître de nombreux échecs et d’imprévus, les supporters des Citizens ont, sans doute encore plus que d’autres, un sens aigüe de la plaisanterie. Petit florilège.
1/ L’anti-chant de supporter
Manchester City peut s’enorgueillir d’être un des rares clubs au monde qui possède un hymne à la gloire…de ses défaites. Alors que la plupart des supporters vantent les exploits de leur club, les Citizens, eux, ont fait de leurs déroutes une vraie fierté.
« We never win at home/And we never win away/We lost last week/And we lost today/We don’t give a fuck/’Cause we’re all pissed up/MCFC OK. »
Ce que l’on pourrait traduire par :
« Nous ne gagnons jamais à domicile / Et nous ne gagnons jamais à l’extérieur / Nous avons perdu la semaine dernière / Et nous avons perdu aujourd’hui / On s’en fout / Parce qu’on est tous bourrés/ MCFC OK. «
En fait ce chant date du temps où City accumulait les échecs. Le public choisit le parti d’en rire et bien que l’équipe loge désormais aux premières places de la Premier League, il n’est pas rare encore d’entendre ce chant résonner dans les travées de l’Etihad…
2/ Le joueur invisible
Gláuber Berti, joueur de nationalité brésilienne, fut acheté par City au mercato 2008 en provenance de Nuremberg. Après s’être assis sur le banc 20 fois au cours de la saison sans jamais avoir joué une seule minute, les fans de City ont commencé à plaisanter sur le fait que Gláuber n’était pas réel et l’ont surnommé l’homme invisible. Il devint un joueur culte sans même avoir joué le moindre match…
Mais, lors du dernier match de la saison contre Bolton Wanderers, il fit une apparition à la 85e minute. Ce fut le remplacement le plus populaire de la saison et les fans de City applaudirent chacun de ses touchés de balle et entonnèrent des chansons à sa gloire le reste du match. Il fut sacré ironiquement « Homme du Match » par la BBC.
Peu convaincant (c’est le moins qu’on puisse dire) il fut libéré par Manchester City à la fin de la saison. En 2011, le site de sport Bleacher Report le nomma l’un des « 10 meilleurs héros cultes de tous les temps » de Manchester City. En 2015, Gláuber donna une interview, parlant avec affection de son passage à Man City : « Ces 10 minutes [du match contre Bolton] ont été merveilleuses parce que chaque fois que je touchais le ballon, les fans criaient mon nom. C’était vraiment une bonne chose. C’est devenu un peu drôle parce que plus je voulais jouer, plus les fans voulaient me voir jouer… J’ai fait de mon mieux tout mon temps là-bas ».
3/ Les bananes gonflables
Cette tradition, qui veut que les supporters amènent avec eux au stade des bananes (ou tout autre objet…) gonflables, remonte à la saison 88/89. Elle fait désormais partie du folklore du club qui y renoue parfois pour des occasions spéciales.
Pourquoi des bananes me direz-vous ? Eh bien, une théorie voudrait que ce soit une référence aux nombreuses peaux de banane sur lesquelles le club aurait glissées dans le passé. Peu convaincant. L’autre viendrait du joueur Imre Varadi, un des joueurs « chouchous » des supporters de City à la fin des années 80. Son nom de famille était souvent écorché en Imre Banana par les supporters de City.
Cependant, la véritable histoire serait née avec le très honorable Frank Newton, fan de City et analyste informatique. La légende raconte que Frank apporta sa première banane gonflable à Maine Road après l’avoir empruntée à un compagnon de Leeds en 1987. C’est à cette époque que l’attaquant populaire Imre Varadi était dans l’effectif de City. L’affaire prit véritablement de l’ampleur lors du match contre West Bromwich, pendant lequel les supporters des Citizens réclamèrent l’entrée en jeu de Varadi et exhibèrent des dizaines de bananes gonflables.
À partir de là, chacun apporta fruits, jouets, monstres et tout objets gonflables, apportant un peu de gaieté dans une période difficile pour le foot anglais. Les fans de City inspirèrent les autres clubs anglais, qui eurent chacun leur propre version. Stoke avait des panthères roses, Norwich des canaris, Lincoln des diablotins…
4/ Poznan Grandma
Dans un match contre West Bromwich Albion en février 2011, le grand écran du City of Manchester Stadium zooma innocemment sur une femme âgée. Les fans de City se prirent alors d’affection pour cette grand-mère qui vivait le match avec passion. Elle devint très vite leur coqueluche et les fans la réclamèrent tout le long du match. A chaque apparition, elle était applaudie et des chants s’élevaient des gradins : « Mamie, fais-nous un signe », « 75 ans et elle est toujours là » ou » Grand-mère fait le Poznan » (le Poznan, en référence au club polonais du même nom, est en Angleterre une célébration durant laquelle les supporters tournent le dos au terrain, épaule contre épaule et sautent à l’unisson; en France, on l’appelle une « Grecque »).
Après le match, elle fut sollicitée de toute part par les supporters pour des selfies. Poznan Grandma devint rapidement virale sur les réseaux sociaux dans les jours qui suivirent. Elle eu même droit à son interview sur la chaîne officielle du club !
Poznan Grandma, Mavis Goddard de son vrai nom, décéda malheureusement quelques mois plus tard, à l’âge de 76 ans, après avoir été témoin de tous les hauts et bas du Club. Elle reçut un hommage de la part d’une légende du club Mike Summerbee : «La passion et l’engagement de Mavis au fil des ans envers le club font de City ce qu’il est aujourd’hui. Elle nous manquera beaucoup dans les gradins. »
Conclusion
Si vous avez la chance de voir un match de Manchester City à l’Etihad, tendez l’oreille et n’hésitez pas à demander à vos voisins des explications. Les supporters des Skyblues seront très fiers de vous raconter les petites et grandes histoires de leur drôle de club !
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