Le TOP 5 des plus grands Clasicos

4 août 2020 Par Christophe VENET 1

Les plus grands Clasicos de l’Histoire. Les rencontres entre le Real et le Barça sont certainement les matchs de championnat les plus regardés au monde avec près de 700 millions de téléspectateurs chaque année. Pas étonnant : le Clasico fait partie des mythes du football.

Pourtant, la rivalité entre les deux clubs va bien au-delà du football. Elle s’est auto-alimentée des antagonismes sociaux, politiques et identitaires, au point de devenir un véritable marqueur historique de la société espagnole.

Difficile alors de faire ressortir 5 matchs en particulier tant chaque rencontre apporte son lot d’anecdotes. Nous avons toutefois tenté de choisir les cinq plus grands Clasicos de l’Histoire.

1902 : le premier Clasico

A l’avènement du football en Espagne, rien ne présage une telle animosité entre le Madrid Football Club (nom de l’époque du Real) et le FC Barcelone. Ironie de l’Histoire, le premier est créé par deux catalans (et reprend les couleurs d’un club mythique), le second par un suisse qui emprunte les couleurs rouge et bleu du FC Bâle : pas de quoi susciter une haine féroce. D’ailleurs, ce match, demi-finale de la Coupe du Couronnement, ne rassemble que 2000 spectateurs. Cette coupe, qui deviendra par la suite Coupe du Roi , fut créée en l’honneur du sacre de Alfonso XIII et ne rassemblait que 5 équipes (les autres ne pouvant rassembler l’argent nécessaire au voyage à Madrid).

Barcelone remporte le match contre Madrid 3 buts à 1 mais perdra la finale face à Club Biscaya (l’ancêtre de l’Athletic Bilbao) tandis que les madrilènes remporteront de leur côté la Copa de la Gran Peña , créée à l’occasion pour récompenser le troisième du tournoi, remportant ainsi le premier d’une longue série de trophées…

1943 : l’humiliation fondatrice

La terrible guerre civile est passée par là (1936-1939) et le Général Franco a pris la tête de l’Espagne. C’est à cette époque que l’antagonisme entre les deux clubs va réellement apparaître.

La Catalogne est alors le théâtre d’une véritable répression par le pouvoir central espagnol : la langue, le drapeau, les traditions catalanes sont bannis. Le FC Barcelone devient alors le porte étendard des revendications identitaires. Le Real Madrid, de son côté, devient l’outil de propagande de Franco. Méfions-nous toutefois de ne pas simplifier l’Histoire. Madrid, à l’instar de Barcelone, avait été aussi un haut lieu de résistance au franquisme pendant la guerre. Par ailleurs, le Généralissime n’était pas un grand amateur de football. Seulement, comme beaucoup d’autres dictateurs, il a senti la puissance populaire de ce sport et décide de se servir du Real Madrid. Il est vrai qu’il pourra compter sur l’ancienne idole du club et ex-combattant franquiste, Santiago Bernabeu, devenu président du club.

13 juin 1943, demi-finale retour de la Copa del Generalisimo (qui a remplacé la Copa del Rey) : malgré une large victoire 3 à 0 des barcelonais à l’aller, les Culés reçoivent une véritable correction de la part des Merengues, 11 à 1 score final. Très étonnant, d’autant plus qu’à l’époque le Barça domine largement les débats. Selon la version catalane, un officier franquiste serait passé dans les vestiaires des blaugranas pour les mettre en garde contre les conséquences d’une victoire. Côté madrilène : ce fut simplement un « match extraordinaire » du Real. La rivalité est née.

1970 : l’erreur arbitrale

Le Real Madrid devient dans les années 50 le plus grand club d’Europe en remportant les 5 premières éditions de la coupe des clubs champions. Ces succès sont largement dus à l’arrivée de joueurs de talent comme Kopa, Puskas, Gento et surtout Di Stefano. Ce dernier atterri à Madrid après un improbable feuilleton. D’abord engagé par le Barça, avec lequel il joue 3 matchs, il est finalement enrôlé par le Real. Par quel miracle ? Côté madrilène, on met en avant le flou juridique entourant le contrat entre son club d’origine, Millonarios en Colombie et le FC Barcelone. Côté catalan, on suspecte l’intervention du pouvoir franquiste qui aurait menacé le club blaugrana de redressements fiscaux s’il n’acceptait pas le transfert de l’argentin.

6 juin 1970 : battu 2-0 au match aller de ce quart de final de coupe, Barcelone doit absolument s’imposer sur son terrain. Mais tandis que les Culés mènent au score 1 à 0, l’arbitre Guruceta siffle un penalty en faveur de Madrid pour une faute commise en dehors de la surface. Penalty réussi. Le capitaine blaugrana Eladio Silvestre est expulsé après avoir dit à l’arbitre : « tu es un madrilène, tu n’as pas honte ! ». Bronca général, pluie de coussins, envahissement du terrain : le match est suspendu et le Real sera déclaré vainqueur sur tapis vert. Depuis, si vous assistez à un match au Camp Nou et qu’il y a manifestement une erreur d’arbitrage en défaveur du Barça, ne soyez pas étonné d’entendre scander des « Guruceta, Guruceta, Guruceta » de la part des plus fervents socios.

1974 : la manita provocatrice

Le FC Barcelone connaît depuis une quinzaine d’année une période compliquée. Mais l’arrivée d’un génie batave de 26 ans va remettre le club catalan en haut de l’affiche. Johan Cruyff est alors considéré comme le meilleur joueur du monde avec déjà un ballon d’or à son actif. Et il ne cache pas son attachement à la cause catalane. Le Camp Nou est devenu le siège du catalanisme et Cruyff, son fier représentant.

La saison 73-74 est tout simplement exceptionnel pour le FC Barcelone qui ne perd pas un match depuis la titularisation de Cruyff en octobre 73. Le point d’orgue a lieu le 17 février 74 à Santiago Bernabeu. Les 7 points qui séparent déjà les 2 équipes se voient sur le terrain. Cruyff, auteur d’un but et de deux passes décisives, offre littéralement un récital et redonne de la fierté aux catalans. Cette manita (les 5 doigts de la main) restera comme l’une des plus mémorables.

Quelques mois plus tard, Franco meurt et en décembre 75, suite à une nouvelle victoire contre Madrid, les drapeaux catalans flottent à nouveau dans le Camp Nou, plus de trente années après leur disparition.

2002 : le retour du traître

Avec la fin du franquisme et le retour de la démocratie en Espagne, les catalans retrouvent progressivement leurs libertés. La rivalité sur le plan politique se fait de moins en moins forte mais reste très vivace sur le plan sportif. Chaque club enchaîne les victoires en Liga et en coupes d’Europe.

Le Clasico de novembre 2002 ne restera pas comme le plus beau mais certainement comme le plus houleux. En effet, après 5 années passées avec talent au Barça, le portugais Luis Figo est transféré en 2000 au Real Madrid pour la somme (record alors) de 65 millions d’euros. Il sera le premier des Galactiques. Les supporters barcelonais voit ce départ comme une véritable trahison. Son retour au Camp Nou en 2000 est donc particulièrement chahuté mais étrangement il faudra attendre son 2ème déplacement à Barcelone pour que la haine atteigne son paroxysme. Tandis qu’il tente de tirer un corner, Figo doit subir insultes, lancées de bouteilles et même jet d’une tête de cochon !

Ce Clasico restera comme « El Clasico del Cochinillo ».

Et depuis…

… il y aurait encore bien des histoires à raconter : les rivalités Messi Vs Ronaldo et Guardiola Vs Mourinho, le Clasico repoussé pour cause de sécessionnisme catalan, les propos de Piqué… Dans un football mondialisé et aseptisé, ces confrontations, que ce soit à Santiago Bernabeu ou au Camp Nou, gardent une saveur particulière.